lundi 27 février 2012

LA GRÈCE, BERCEAU D'UN AUTRE MONDE, par Raoul Vaneigem et Yannis Youlountas

LA GRÈCE, BERCEAU D'UN AUTRE MONDE

Texte paru dans le quotidien français Libération le lundi 20 février 2012.

http://www.liberation.fr/monde/01012390932-grece-berceau-d-un-autre-monde

Par : Raoul Vaneigem, médiéviste belge et ex-membre de l’Internationale situationniste, est l’auteur du «Traité de savoir-vivre àl’usage des jeunes générations», paru en 1967. et Yannis Youlountas, philosophe, écrivain franco-grec.

Pour un soutien au combat du peuple grec et pour une libération immédiate des manifestants emprisonnés.

Non, bien que dramatique, ce qui se déroule en Grèce n’est pas une catastrophe. C’est même une chance. Car le pouvoir de l’argent a, pour la première fois, dépassé allègrement le rythme jusque-là progressif, méticuleux et savamment organisé de la destruction du bien public et de la dignité humaine. Et ce, sur une terre aussi réputée pour sa philosophie de vie aux antipodes du modèle anglo-saxon que pour sa résistance inlassable aux multiples oppressions qui ont tenté de la mettre au pas. Le Grec ne danse pas et ne dansera jamais au pas de l’oie ni en courbant l’échine, quels que soient les régimes qu’on lui impose. Il danse en levant les bras comme pour s’envoler vers les étoiles. Il écrit sur les murs ce qu’il aimerait lire ailleurs. Il brûle une banque quand elle ne lui laisse plus les moyens de faire ses traditionnelles grillades. Le Grec est aussi vivant que l’idéologie qui le menace est mortifère. Et le Grec, même roué de coups, finit toujours par se relever.

Oui, l’Europe de la finance a voulu faire un exemple. Mais, dans sa hargne à frapper le pays qui lui semblait le plus faible dans la zone euro, dans sa violence démesurée, son masque est tombé. C’est maintenant, plus que jamais, le moment de montrer du doigt à tous son vrai visage : celui du totalitarisme. Car il s’agit bien de cela. Et il n’y a qu’une seule réponse au totalitarisme : la lutte, tenace et sans concession, jusqu’au combat, s’il le faut, puisque l’existence même est en jeu. Nous avons un monde, une vie, des valeurs à défendre. Partout dans les rues, ce sont nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents qui sont frappés sous nos yeux, même éloignés. Nous avons faim, froid, mal avec eux. Tous les coups qui sont portés nous blessent également. Chaque enfant grec qui s’évanouit dans sa cour d’école nous appelle à l’indignation et à la révolte. Pour les Grecs, l’heure est venue de dire non, et, pour nous tous, de les soutenir.

Car la Grèce est aujourd’hui à la pointe du combat contre le totalitarisme financier qui partout dans le monde détruit le bien public, menace la survie quotidienne, propage le désespoir, la peur et la crétinisation d’une guerre de tous contre tous.

Au-delà d’une colère émotionnelle qui se défoule en détruisant des symboles d’oppression, se développe une colère lucide, celle de résistants qui refusent de se laisser déposséder de leur propre vie au profit des mafias bancaires et de leur logique de l’argent fou. Avec les assemblées de démocratie directe, la désobéissance civile, le mouvement «Ne payons plus» et les premières expériences d’autogestion, une nouvelle Grèce est en train de naître, qui rejette la tyrannie marchande au nom de l’humain. Nous ignorons combien de temps il faudra pour que les peuples se libèrent de leur servitude volontaire, mais il est sûr que, face au ridicule du clientélisme politique, aux démocraties corrompues et au cynisme grotesque de l’Etat bankster, nous n’aurons que le choix - à l’encontre de tout affairisme - de faire nos affaires nous-mêmes.

La Grèce est notre passé. Elle est aussi notre avenir. Réinventons-le avec elle !

En 2012, soyons tous Grecs !

Deux messages reçus aujourd'hui, à mettre en rapport : l'un qui accuse, et l'autre qui indique qu'Athènes est en état de crise humanitaire.

Nous vous les livrons tels quels, en les soumettant à votre jugement critique.

----- Original Message -----
From: "Eve"
Sent: Monday, February 27, 2012 12:03 PM
Subject: Problems and concerns in Pasok, ND | Athens News



> http://hat4uk.wordpress.com/2011/06/01/papandreou-accused-of-greek-debt-lifebelt-fraud/


Bonjour Luc ,
Tout d'abord, merci pour votre combat à nos côtés et bravo !
Vous avez raison pour les jumelages de ville à ville et de quartier à quartier mais en éliminant les politiques.
Voici un article à diffuser.
Déroulement des faits :
Goldman Sachs truque les chiffres de la dette a la baisse.
En 2009, Papandreou prend le pouvoir.
Il annonce que les chiffres st truques ms que la Grece n'a pas besoin d'aide extérieure.
Il a un entretien secret (ms il y aura la vidéo diffusée en Grece) avec DSK pr mettre le pays sous la coupe du FMI.
Il fait truquer les chiffres de la dette a la hausse par ELSAT.
Annonce par Karamenlis a son départ : 9%, réel : 13%, le truquage donne : 15 ,4%. (corrobore par la lettre de démission des 2 procureurs en charge de la délinquance financière, je vs ai envoyé le texte en anglais, source Athens News ).
Il demande aide FMI et UE a grands sons de trompettes.
Toujours en 2009, ses proches et sa famille jouent les CDS achetés par une banque d'état (l'ennemi de l'intérieur ).
Résultat : 27 billions de $.
Ces fonds appartiennent a l'Etat Grec.
Curieusement, ils deviennent des fonds prives.
DSK, ses proches, et bien d'autres ont du se faire des c... en or.
L'état de catastrophe va leur permettre de faire accepter des mesures anti-sociales et de lancer les privatisations pr les groupes d'intérêt qu'ils avaient choisis. Merkel insiste actuellement pr la privatisation des 2 cies de gaz et va se goinfrer avec les ressources pétrolières pour pas un rond.
En juin, il nous sort son "referendum" auquel je n'ai jamais cru, mais j'avais loupe un des aspects du problème . A ce moment, suite a des fuites ds la presse, Venizelos est oblige d'annoncer officiellement a Papoulias, ce pantin President de la république, que 13 milliards d'€ ont disparu des caisses de l'état. (rien ne nous dit que Papouilles ne fait pas partie de cette belle équipe). Il n'a pas eu de réaction, n'a pas demande d'enquête, n'est pas allé devant le Parlement ni a la TV.
La encore, le clan Papandreou et ses complices se sont fait des c... en or, encore les CDS et le $.
Et le peuple grec est étrangle par la finance, l'UE complice et bras arme de Goldman Sachs.
Et un Parlement stipendié vote loi sur loi contre le peuple.
Sachez que les parlementaires ont fait inscrire leur immunité et celle des ministres dans la Constitution.
Ils ont vote la semaine dernière l'immunite des hauts fonctionnaires car il y avait beaucoup de procès pour corruption lancés depuis l'étranger.
Dénoncez, diffusez encore et encore.
Merci pour tout
Eve
PS- allez sur Athens News
Envoyé de mon iPhone

Une précision utile apportée par Dominique :

Cet article porte des accusations extrêmement graves et qui ne sont étayées sur rien d'avéré, de tangible et vérifiable. Cette théorie du complot ourdi de longue date entre DSK et lui pour s'en mettre plein les poches au prix de la catastrophe dans son pays circule en Grèce, portée par l'extrême gauche comme par l'extrême droite. Les renvois à Athens News ne constituent pas une garantie, que je sache, et l'article en langue anglaise n'est pas plus solide que l'autre. Moi j'attends des PREUVES d'un enrichissement personnel, si certains en ont qu'ils les rendent publiques mais on ne peut pas tolérer des allégations du genre "ceci a rapporté beaucoup d'argent à son entourage et sa famille". On sait qu'il a un frère qui travaille dans la finance et qu'il est pour moitié américain, cela suffit à beaucoup de Grecs pour le condamner (...). De grâce, gardons la raison même si l'émotion nous étreint, et battons-nous avec les armes de l'Etat de droit.


Une précision utile envoyée par Anne-Marie :

A propos de la corruption des politiques grecs soulignée par Eve,il faut rappeler que le président de la république en Grèce a surtout un rôle honorifique et peu de pouvoir réel.Il jouit de la considération de beaucoup de grecs à cause de son passé de résistant et début Décembre 2010,il a présidé un concert antiraciste à l'église Panteleimon,(quartier habité principalement alors par des Afghans et Pakistanais très mal tolérés par les quelques grecs âgés et pauvres qui y habitent encore)où nous étions environ 3000. Dés le début du concert, les extrémistes du Laos ont hurlé à l'une des portes :"à mort Papoulias, traitre!" malgré les cordons de CRS,à l'extérieur; nous étions tous choqués. Mais le concert, émaillé d'incidents, a pu aller à son terme. Bien amicalemant. AM Leroy



----- Original Message -----

http://nouvelleshorslesmurs.wordpress.com/2012/02/27/athenes-en-crise-humanitaire/

Athènes en crise humanitaire

février 27, 2012 par Nouvelles Hors Les Murs

Par Paroles d’Athènes – Radio Entasi


L’Organisation Humanitaire bénévole Médecins du Monde affirme qu’Athènes se trouve à la veille d’un état de crise humanitaire et souligne que le manque de nourriture est un problème crucial. « Sur les 40 enfants soignés par notre pédiatre durant les deux dernières semaines, 23 souffraient de malnutrition. Il y a quelques années nous pensions que ce pays avait atteint un niveau tel que la famine ne pouvait plus être considérée comme un problème social important. Mais aujourd’hui, on doit recommencer à collecter de la nourriture et des vêtements », précise l’organisation.

Les groupes sociaux, les plus durement touchés par la crise, sont les sans-abri, les réfugiés les immigrés, les consommateurs de drogues, les chômeurs. Ces individus dont le nombre augmente continuellement se trouvent en situation de grande détresse.

Le nombre de chômeurs, qui risquent de se retrouver dans une situation d’extrême pauvreté, dans certains quartiers d’Athènes, a atteint 80 % et la majorité d’eux a aussi des problèmes de logement. Il y avait a peu près 20.000 personnes sans-abri en Grèce à la fin de 2010 et au dernier trimestre cette population a augmenté de 25%.

A cause de l’autre grand problème, celui du manque de nourriture, divers centres d’aide humanitaire, dans la ville d’Athènes, fournissent environ 12.000 repas, quotidiennement aux personnes qui sont dans le besoin. D’après eux, le nombre de visiteurs a augmenté de 30 % depuis l’année dernière. Dans ces temps cruciaux, l’Organisation des Médecins du Monde appelle ceux qui veulent soutenir ses efforts de montrer leur solidarité à ceuxà besoin.

En même temps, dans plusieurs quartiers d’Athènes, les citoyens organisent volontairement des cuisines collectives et des repas de solidarité pour les distribuer aux gens. Quelle est la réponse de l’état ? Il les interdit sous le prétexte de raisons sanitaires. Alors qu’en fait ils veulent empêcher les citoyens de s’organiser et de réaliser des initiatives, et ils veulent empêcher toutes formes d actions solidaires et résistantes. Et puis, bien sûr, ils veulent cacher les dimensions du problème de l’extrême pauvreté, qu’ils ont créé.

1 habitant sur 11 de la région d’Attique (tous les quartiers et banlieues d’Athènes) a du mal à se procurer suffisamment de nourriture, pour se nourrir, affirme le site www.boroume.gr (ca veut dire on peut), qui collecte de la nourriture auprès des consommateurs et des restaurants afin de l’offrir aux individus et aux institutions de protection sociale qui en ont grand besoin.

Alors quelle est la réponse de la municipalité d’Athènes et du maire, face à cette crise humanitaire ? Ils ont ouvert la piscine centrale de la Municipalité pour que les sans abris puissent y passer la nuit au milieu du mois de janvier sous la pression des partis de gauche. Mais ils l’ont fermée au bout de 3 jours, sous prétexte que la température avait augmenté (c’est-à-dire qu’il faisait un peu plus de 0 dégrée Celsius). Alors selon la municipalité d’Athènes il faisait beau et il n’y avait pas besoin d’ouvrir d’endroit, pour les sans abris ! La maire l’a rouvert sous la pression de divers groupes d’actions solidaires, en ajoutant au dernier moment 3 espaces en plus où les sans abris sont hébergés. Mais ils peuvent seulement y passer la nuit, puisque ces espaces ont une autre fonction et ne sont pas spécialement aménagées pour l’hébergement. Pour cette raison ils doivent en sortir à 6 heures du matin ! Alors, selon le Maire d’Athènes, Monsieur Kaminis, « il fait beau quand la température est au-dessus de zéro degré Celsius ». Selon Monsieur le Maire également « l’être humain n’a besoin d’abri que pendant les nuits où les températures tombent en dessous de zéro ». Dans tout autre cas, l’homme peut très bien vivre, en plein air et dans les rues !

En plus, Monsieur Kaminis a, quelques jours avant les fêtes de Noël, retiré les bancs d’une place centrale athénienne pour en chasser les S.D.F. et, à leur place, y organiser des fêtes et des spectacles ! Une mesure qui constitue une forme d’exclusion sociale cruelle à l’encontre de groupes déjà défavorisés ainsi qu’une tentative de rendre invisible cette réalité contemporaine: l’extrême pauvreté.

De surcroît, il y a quelques jours un groupe des citoyens sans-abri sont entrés dans la cafétéria du Centre Culturelle de la Mairie d’Athènes et ont saisi les lieux qui étaient fermés depuis quelques mois dans le but de se protéger pendant la nuit. Sans attendre et sans aucune discussion, le Maire d’Athènes Kaminis a fait appel à la Police pour les en déloger. Les sans-abris et les citoyens qui les soutenaient furent rapidement arrêtés et accusés, sous divers prétextes légaux. A cet effet, les citoyens solidaires se demandent, « comment est-ce possible qu’il y ait des immeubles publics et municipaux fermés ou non-utilisés et de renvoyer les gens dans le froid ». Sous la pression de l’opinion publique, toutes les personnes arrêtées ont été libérées. Le Maire Kaminis a fait preuve d’encore plus de zèle lorsqu’il a envoyé la police à des représentants d’autres partis politiques faisait partie du Conseil municipal (Antarsia), en vue de les empêcher d’entrer dans un immeuble créé et aménagé spécialement pour loger des pauvres citoyens et qui, malgré tout et sans aucune justification, reste fermé.

From :
www.entasifm.org
parolesdathenes@gmail.com
via
http://nouvelleshorslesmurs.wordpress.com/

dimanche 26 février 2012

Newsletter # 4 / ενημερωτικό δελτίο # 4

Να σώσουμε τον ελληνικόλαόαπότουςσωτήρεςτου (p.3) // Sauvons le peuple grec de ses sauveurs ! (p.5) // Let us save the greek people from their saviours (p. 6) // Salvemos o povo grego dos seus salvadores! (p. 8) // Salvemos al pueblo griego de sus salvadores! (p.9) // Dernière minute / Last minute : Un autre texte provenant d'Italie et du Portugal / Another text from Italy & Portugal (p. 12).
















Καλημέρα σας,
Την προηγούμενη Τρίτη, η γαλλική εφημερίδα «Liberation» δημοσίευσε ένα σημαντικό κείμενο Ευρωπαίων διανοούμενων και καλλιτεχνών «Να σώσουμε τον ελληνικό λαό από τους σωτήρες του!»:
http://www.liberation.fr/monde/01012391134-sauvons-le-peuple-grec-de-ses-sauveurs
το οποίο εμείς αμέσως διαδώσαμε, ήδη από την προηγούμενη της εμφάνισής του στην έντυπη έκδοση:
http://jesuisgrec.blogspot.com/2012/02/sauvons-le-peuple-grec-de-ses-sauveurs.html
Αυτό το κείμενο υπογράφηκε από πολλές γνωστές προσωπικότητες, ανάμεσα στις οποίες τους υπεύθυνους των περιοδικών «Lignes» (Παρίσι) και «Alètheia» (Αθήνα). Τις ημέρες που μεσολάβησαν, δεχτήκαμε αυθόρμητη πρόταση να μεταφραστεί το κείμενο στα πορτογαλικά, εκ μέρους του Manel (ή Μανουέλ) Resende, ποιητή και μεταφραστή (μεταξύ άλλων και ελληνικής λογοτεχνίας, δείτε το έργο του στον τομέα αυτόν στη σημείωση πιο κάτω). Δεχτήκαμε με ευγνωμοσύνη, και αιτηθήκαμε και μια μετάφραση στα ισπανικά από τη φίλη μας και αγαπητή ανταποκρίτρια από την Ουρουγουάη Martù Migliaro.
Ζητήσαμε ταυτόχρονα από τους υποκινητές αυτής της έκκλησης να μας παράσχουν την ελληνική έκδοση του κειμένου και τις όποιες άλλες μεταφράσεις θα ήταν διαθέσιμες. Με τον τρόπο αυτόν, το περιοδικό «Alètheia» μας παρείχε την ελληνική και την αγγλική έκδοση.
Το ενημερωτικό δελτίο «Je suis grec» και το μπλογκ http://jesuisgrec.blogspot.com/ είναι σήμερα στην ευχάριστη θέση να σας προτείνουν το κείμενο αυτό σε πέντε γλώσσες, με τις ειλικρινείς μας ευχαριστίες σε όσους συνέδραμαν σ’ αυτές. Το περιοδικό «Alètheia» εκτός των άλλων μας ανακοίνωσε το προσεχές άνοιγμα ενός μπλογκ που θα παρακολουθήσει τις αντιδράσεις αυτής της έκκλησης, του οποίου τις συντεταγμένες θα σας ανακοινώσουμε μόλις είναι δυνατόν. Σας ευχαριστούμε εκ των προτέρων αν διανείμετε και εσείς αυτήν την έκκληση σε φίλους και γνωστούς σας. Κάτι που θα βοηθήσει να ενισχύσουμε την αλληλεγγύη προς τον ελληνικό λαό και προς όλα τα θύματα του οικονομικού καπιταλισμού, σ’ αυτούς και αυτές που του αντιστέκονται.
Λυκ Ντουιλλιάρντ, για το “Είμαι Έλληνας”.
Μετάφραση από τον Νίκο Βλαντή
Σημείωση:
Πορτογάλος μεταφραστής, έχει μεταφράσει: Canto Heróico e Fúnebre pelo Alfares Caído Na Albânia, Ο. Ελύτης Nova Renascença, Primavera/Outono 1999; Στρατής Θαλασσινός no Mar Morto, Γιώργος Σεφέρης, id. ; Áxion Estí, Ο. Ελύτης Assírio e Alvim, 2004 ; Maria Nefeli, Ο. Ελύτης, υπό έκδοση 2012· και πολλούς άλλους Έλληνες ποιητές σε διάφορα sites στο ίντερνετ.

Bonjour,
Mardi dernier 21 février 2012, le journal français « Libération » a publié un important texte d'intellectuels et d'artistes européens « Sauvons le peuple grec de ses sauveurs ! »

http://www.liberation.fr/monde/01012391134-sauvons-le-peuple-grec-de-ses-sauveurs

que nous avons immédiatement rediffusé à la veille de sa parution sur papier :

http://jesuisgrec.blogspot.com/2012/02/sauvons-le-peuple-grec-de-ses-sauveurs.htm

Ce texte a été signé par plusieurs personnalités connues, et parmi eux les responsables des revues « Lignes » (Paris) et «Alètheia» (Athènes).
Dans les jours qui ont suivi, nous avons reçu une proposition spontanée de traduire ce texte en portugais, de la part de Manel (ou Manuel) Resende, poète et traducteur (entre autres de littérature grecque, voir ses travaux dans le domaine hellénique en note plus bas). Nous avons accepté avec reconnaissance et avons sollicité pour une traduction en espagnol notre amie et chère correspondante uruguayenne Martù Migliaro.

Nous avons simultanément demandé aux initiateurs de cet appel de nous communiquer la version grecque de ce texte et les autres traductions disponibles. C'est ainsi que la revue «Alètheia» nous a fait aimablement passer les versions grecque et anglaise.

La newsletter « Je suis grec » et le weblog http://jesuisgrec.blogspot.com sont donc en mesure de proposer aujourd'hui ce texte en cinq langues, avec nos remerciements sincères à tous les contributeurs. La revue «Alètheia» nous a par ailleurs annoncé l'ouverture prochaine d'un blog pour suivre les réactions consécutives à cet appel, dont nous donnerons la référence dès que possible. Merci de rediffuser maintenant cet appel à vos amis et correspondants. Qu'il permette de renforcer la solidarité envers le peuple grec et de toutes les victimes du capitalisme financier, et ceux et celles qui lui résistent.

Luc Douillard, pour « Je suis grec ».

Traduit en grec par Nikos Vlandis.

Note :
Traducteur portugais, a traduit: Canto Heróico e Fúnebre pelo Alfares Caído Na Albânia, O. Elytis, Nova Renascença, Primavera/Outono 1999; Strátis Thallassinós no Mar Morto, Giórgos Seféris, id. ; Áxion Estí, O. Elytis, Assírio e Alvim, 2004 ; Maria Nefeli, O. Elytis, à paraître en 2012 ; et de nombreux autres poètes grecs sur divers sites internet.

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Να σώσουμε τον ελληνικό λαό από τους σωτήρες του

Η Libération της 21ης Φεβρουαρίου δημοσιεύει το κείμενο μιας σημαντικής κίνησης συμπαράστασης προς τον ελληνικό λαό και ενάντια στις ολέθριες πολιτικές που, με αφετηρία την Ελλάδα, προβλέπεται να επεκταθούν σε όλη την Ευρώπη. Συνυπογράφεται από κορυφαίους γάλλους στοχαστές -μεταξύ των οποίων ο Μπαντιού, ο Μπαλιμπάρ, ο Νανσύ, ο Ρανσιέρ, η Μπάρμπαρα Κασσέν, ο Μισέλ Σουριά, ο Ντιντί-Υμπερμάν κ.ά-, οι οποίοι ανταποκρίθηκαν σε επιστολή του περιοδικού αληthεια, που τους απευθύνθηκε με πρωτοβουλία της αρχισυντάκτριας Βίκης Σκούμπη. Συνοδεύεται από ένα κάλεσμα για τη δημιουργία μιας ευρωπαϊκής επιτροπής αλληλεγγύης που ήδη βρίσκει ανταπόκριση σε πολλές ευρωπαϊκές χώρες. Ακολουθεί το κείμενo:  
Τη στιγμή που ένας στους δύο Έλληνες νέους είναι άνεργος, 25.000 άστεγοι περιπλανώνται στους δρόμους της Αθήνας, το 30% του πληθυσμού βρίσκεται κάτω από το όριο της φτώχιας, χιλιάδες οικογένειες υποχρεούνται να βάλουν τα παιδιά τους σε ιδρύματα προκειμένου να μην πεθάνουν από την πείνα και το κρύο, νεόπτωχοι και πρόσφυγες δίνουν μάχες για τους σκουπιδοτενεκέδες στις χωματέρες, οι «σωτήρες» της Ελλάδας, υπό το πρόσχημα ότι οι Έλληνες «δεν καταβάλουν αρκετές προσπάθειες», επιβάλλουν ένα νέο σχέδιο βοήθειας που διπλασιάζει τη χορηγούμενη θανατηφόρα δόση. Ένα σχέδιο που καταργεί το εργατικό Δίκαιο και καταδικάζει τους φτωχούς σε ακραία ένδεια, εξαφανίζοντας παράλληλα τις μεσαίες τάξεις. 

Ο στόχος δεν είναι σε καμία περίπτωση η «σωτηρία» της Ελλάδας: όλοι οι οικονομολόγοι που είναι  άξιοι του ονόματός τους συμφωνούν επ’ αυτού. Το ζητούμενο  είναι να κερδηθεί  χρόνος προκειμένου να σωθούν οι πιστωτές, ενώ παράλληλα η χώρα οδηγείται σε μια προδιαγεγραμμένη  χρεοκοπία. Πρωτίστως, το ζητούμενο είναι να μετατραπεί η   Ελλάδα σε  εργαστήριο μιας κοινωνικής μεταλλαγής που θα γενικευθεί, σε έναν δεύτερο χρόνο, σε ολόκληρη την Ευρώπη. Το μοντέλο που δοκιμάζεται πάνω στους Έλληνες είναι εκείνο μιας κοινωνίας χωρίς δημόσιες υπηρεσίες, στο πλαίσιο της οποίας τα σχολεία, τα νοσοκομεία και τα ιατρικά κέντρα κατεδαφίζονται, η υγεία καθίσταται προνόμιο των πλουσίων, οι ευπαθείς πληθυσμοί προορίζονται για μια προγραμματισμένη εξόντωση, ενώ όσοι εξακολουθούν  να έχουν μια εργασία  καταδικάζονται σε ακραίες μορφές εργασιακής επισφάλειας και οικονομικής εξαθλίωσης.    
       
Προκειμένου όμως αυτή η αντεπίθεση του νεοφιλελευθερισμού να πετύχει τον στόχο της χρειάζεται να εγκαθιδρύσει ένα καθεστώς που καταργεί τα πλέον στοιχειώδη δημοκρατικά δικαιώματα. Με διαταγή των σωτήρων, βλέπουμε λοιπόν να εγκαθίστανται στην Ευρώπη κυβερνήσεις τεχνοκρατών που περιφρονούν τη λαϊκή κυριαρχία. Πρόκειται για ένα σημείο καμπής όσον αφορά στα κοινοβουλευτικά καθεστώτα στο πλαίσιο των οποίων βλέπουμε τους «αντιπροσώπους του λαού» να εξουσιοδοτούν εν λευκώ τους ειδικούς και τους τραπεζίτες, απαρνούμενοι την υποτιθέμενη εξουσία τους να αποφασίζουν. Ένα είδος κοινοβουλευτικού πραξικοπήματος, το οποίο προσφεύγει, μεταξύ άλλων, και σε ένα διευρυμένο κατασταλτικό οπλοστάσιο απέναντι στις λαϊκές διαμαρτυρίες. Έτσι, από τη στιγμή που οι βουλευτές επικύρωσαν την διαμετρικά αντίθετη με την εντολή που είχαν λάβει σύμβαση που τους υπαγόρευσε η Τρόικα (Ευρωπαϊκή Ένωση, Κεντρική Ευρωπαϊκή Τράπεζα, Διεθνές Νομισματικό Ταμείο), μια εξουσία στερούμενη δημοκρατικής νομιμότητας υποθήκευσε το μέλλον της χώρας για τα επόμενα τριάντα ή σαράντα χρόνια.          

Παράλληλα, η Ευρωπαϊκή Ένωση ετοιμάζεται να δημιουργήσει έναν δεσμευμένο τραπεζικό λογαριασμό στον οποίον θα κατατίθεται απευθείας η βοήθεια προς την Ελλάδα προκειμένου να χρησιμοποιείται αποκλειστικά προς όφελος του χρέους. Τα έσοδα της χώρας οφείλουν να αφιερώνονται κατά «απόλυτη προτεραιότητα» στην εξόφληση των πιστωτών και, εφόσον παραστεί ανάγκη, να κατατίθενται απευθείας σε αυτόν τον λογαριασμό την διαχείριση του οποίου έχει αναλάβει η Ευρωπαϊκή Ένωση. Η Σύμβαση υπαγορεύει ρητά  ότι κάθε νέα υποχρέωση που θα προκύπτει στο πλαίσιό της θα διέπεται  από το αγγλικό δίκαιο, το οποίο απαιτεί υλικές εγγυήσεις, ενώ οι διενέξεις θα εκδικάζονται από τα δικαστήρια του Λουξεμβούργου, με την   Ελλάδα να έχει αποποιηθεί εκ των προτέρων κάθε δικαίωμα προσφυγής ενάντια σε όποια κατάσχεση αποφασίσουν οι πιστωτές της. Για να ολοκληρωθεί η εικόνα, οι  ιδιωτικοποιήσεις έχουν ανατεθεί  σε ένα Ταμείο υπό τη διαχείριση της Τρόικας  στο οποίο θα κατατίθενται οι τίτλοι ιδιοκτησίας των δημοσίων αγαθών. Εν συντομία, έχουμε να κάνουμε με μια γενικευμένη λεηλασία, χαρακτηριστικό γνώρισμα του χρηματοπιστωτικού  καπιταλισμού που προσφέρει εν προκειμένω στον εαυτό του μια  θεσμική καθοσίωση. Στο βαθμό που πωλητές και αγοραστές θα κάθονται στην ίδια πλευρά του τραπεζιού, δεν έχουμε την παραμικρή αμφιβολία ότι το  εν λόγω εγχείρημα ιδιωτικοποιήσεων  αποτελεί πραγματικό συμπόσιο για τους αγοραστές.
 
Όλα τα μέτρα που έχουν ληφθεί έως τώρα είχαν ως μοναδικό  αποτέλεσμα την εμβάθυνση του ελληνικού εθνικού χρέους το οποίο, με τη βοήθεια των σωτήρων που δανείζουν με τοκογλυφικά επιτόκια, έχει κυριολεκτικά εκτοξευθεί στα ύψη προσεγγίζοντας το 170%  ενός  ακαθάριστου εθνικού προϊόντος σε ελεύθερη πτώση, ενώ το 2009 δεν αντιπροσώπευε παρά το 120%. Μπορεί κανείς να στοιχηματίσει ότι αυτός ο εσμός  σχεδίων σωτηρίας -τα οποία παρουσιάζονται κάθε φορά ως «τελικά»- δεν στόχευε παρά στο να εξασθενίσει ολοένα και περισσότερο τη θέση της Ελλάδας ούτως ώστε, στερούμενη κάθε δυνατότητας να προτείνει από μόνη της τους όρους μιας ανασυγκρότησης , να εξαναγκαστεί να εκχωρήσει τα πάντα στους πιστωτές της υπό τον εκβιασμό «καταστροφή ή λιτότητα». Η τεχνητή και καταναγκαστική επιδείνωση του προβλήματος του χρέους χρησιμοποιήθηκε σαν όπλο εφόδου  για την άλωση  μιας κοινωνίας στο σύνολό της.  

Σκόπιμα χρησιμοποιούμε εδώ όρους που ανήκουν στη στρατιωτική ορολογία: πρόκειται σαφώς για έναν πόλεμο που διεξάγεται με τα μέσα της οικονομίας, της πολιτικής και του δικαίου, έναν πόλεμο ταξικό εναντίον ολόκληρης της κοινωνίας. Και τα λάφυρα που η χρηματοπιστωτική  τάξη υπολογίζει να αποσπάσει από «τον εχθρό» είναι τα κοινωνικά κεκτημένα και τα δημοκρατικά δικαιώματα, αλλά αυτό που διακυβεύεται σε τελική ανάλυση είναι η δυνατότητα για  μια ανθρώπινη ζωή. Και η ζωή εκείνων που δεν παράγουν ή δεν καταναλώνουν αρκετά σε σύγκριση με τις στρατηγικές μεγιστοποίησης του κέρδους, δεν πρέπει να διατηρηθεί.

Έτσι, η αδυναμία μιας χώρας πιασμένης στη μέγγενη της χωρίς  όρια κερδοσκοπίας και των καταστροφικών σχεδίων σωτηρίας, γίνεται η μυστική πόρτα από την οποία εισβάλλει βίαια ένα μοντέλο κοινωνίας σύμφωνο προς τις απαιτήσεις του νέο-φιλελεύθερου φονταμενταλισμού. Μοντέλο που προορίζεται για ολόκληρη την Ευρώπη και πέραν αυτής. Αυτό είναι το πραγματικό διακύβευμα, και γι αυτό η υπεράσπιση του ελληνικού λαού δεν είναι συρρικνώσιμη  σε μια χειρονομία  αλληλεγγύης ή  αφηρημένης ανθρωπιάς: διακυβεύεται το μέλλον της δημοκρατίας και η τύχη των ευρωπαϊκών λαών. Παντού η «επιτακτική αναγκαιότητα» μιας «οδυνηρής αλλά σωτήριας» λιτότητας θα μας παρουσιαστεί ως το μέσον για να αποφύγουμε τη μοίρα της Ελλάδας, ενώ οδηγεί κατευθείαν σε αυτήν.

Μπροστά σε αυτή την οργανωμένη επίθεση ενάντια στην κοινωνία, μπροστά στην καταστροφή και των τελευταίων νησίδων της δημοκρατίας, καλούμε τους συμπολίτες μας, τους γάλλους και ευρωπαίους φίλους μας να εκφρασθούν σθεναρά. Δεν πρέπει να αφήσουμε το μονοπώλιο του λόγου στους ειδήμονες και στους πολιτικάντηδες. Το γεγονός ότι το αίτημα κυρίως των γερμανών και των γάλλων ιθυνόντων είναι η απαγόρευση πλέον των εκλογών στην Ελλάδα μπορεί να  μάς αφήνει άραγε αδιάφορους; Ο στιγματισμός και η συστηματική δυσφήμηση ενός λαού δεν θα άξιζε άραγε μια απάντηση; Είναι δυνατόν να μην υψώσουμε την φωνή μας ενάντια στη θεσμική δολοφονία του ελληνικού λαού; Και μπορούμε άραγε να σιωπούμε μπροστά στην καταναγκαστική εγκαθίδρυση ενός συστήματος που θέτει εκτός νόμου ακόμη και την ίδια την ιδέα της κοινωνικής αλληλεγγύης;

Βρισκόμαστε σε ένα σημείο μη επιστροφής. Είναι επείγον να δώσουμε  τη μάχη των αριθμών και τον πόλεμο των λέξεων για να αναχαιτίσουμε  την ακραίο-φιλελεύθερη ρητορική του φόβου και της παραπληροφόρησης. Είναι επείγον να αποδομήσουμε τα μαθήματα ηθικής που συσκοτίζουν  την πραγματική διαδικασία που εκτυλίσσεται μέσα στην κοινωνία. Είναι κάτι περισσότερο από επείγον να απομυθοποιήσουμε τη ρατσιστική εμμονή περί  ελληνικής «ιδιαιτερότητας»  που φιλοδοξεί να αναγάγει  τον υποτιθέμενο εθνικό χαρακτήρα ενός λαού (τεμπελιά ή κατά βούληση πονηριά) σε  πρωταρχική  αιτία μιας κρίσης η οποία στην πραγματικότητα είναι παγκόσμια. Αυτό που μετρά σήμερα δεν είναι οι ιδιαιτερότητες, πραγματικές ή φαντασιακές, αλλά τα κοινά: η τύχη ενός λαού που θα επηρεάσει και τους άλλους.

Πολλές τεχνικές λύσεις έχουν προταθεί για να βγούμε από το δίλημμα «ή  καταστροφή της κοινωνίας ή  πτώχευση» (πράγμα που σημαίνει, το βλέπουμε σήμερα: «και καταστροφή και πτώχευση). Όλες οι λύσεις πρέπει να εξεταστούν  σαν στοιχεία στοχασμού προκειμένου να οικοδομήσουμε μιαν άλλη Ευρώπη. Αλλά κατ’ αρχάς πρέπει να καταγγείλουμε το έγκλημα, να αναδείξουμε την κατάσταση στην οποία βρίσκεται ο ελληνικός λαός, εξ αιτίας των «σχεδίων βοήθειας» τα οποία έχουν συλληφθεί από και για τους κερδοσκόπους και τους πιστωτές. Τη στιγμή που ένα κίνημα υποστήριξης υφαίνεται σε όλο τον κόσμο, όπου τα δίκτυα Ιντερνέτ βουίζουν από πρωτοβουλίες αλληλεγγύης, οι γάλλοι διανοούμενοι θα ήταν άραγε οι τελευταίοι που θα ύψωναν τη φωνή τους υπέρ της Ελλάδας; Χωρίς να περιμένουμε περισσότερο, ας πολλαπλασιάσουμε τα άρθρα, τις παρεμβάσεις στα μέσα, τις συζητήσεις, τις εκκλήσεις, τις διαδηλώσεις. Γιατί κάθε πρωτοβουλία είναι καλοδεχούμενη, κάθε πρωτοβουλία είναι επείγουσα. Σε ό,τι  μας αφορά, ιδού τι προτείνουμε: να προχωρήσουμε τάχιστα στη δημιουργία μιας ευρωπαϊκής επιτροπής διανοουμένων και καλλιτεχνών για την αλληλεγγύη προς  τον ελληνικό λαό  που αντιστέκεται.
Αν δεν είμαστε εμείς, ποιος θα είναι;
Αν δεν είναι τώρα, πότε θα είναι;

Βίκη ΣΚΟΥΜΠΗ, Αρχισυντάκτρια του περιοδικού αλήthεια, Αθήνα.
Michel SURYA, Διευθυντής του περιοδικού Lignes, Παρίσι.
Δημήτρις ΒΕΡΓΕΤΗΣ Διευθυντής του περιοδικού αλήthεια.

Και

Daniel ALVARO
Alain BADIOU
Jean-Christophe BAILLY
Etienne BALIBAR
Fernanda BERNARDO
Barbara CASSIN
Bruno CLEMENT
Danièle COHEN-LEVINAS
Yannick COURTEL
Claire DENIS
Georges DIDI-HUBERMANN
Roberto ESPOSITO
Francesca ISIDORI
Pierre-Philippe JANDIN
Jèrôme LEBRE
Jean-Clet MARTIN
Jean-Luc NANCY
Jacques RANCIERE
Judith REVEL
Elisabeth RIGAL
Jacob ROGOZINSKI
Avital RONELL
Ugo SANTIAGO
Beppe SEBASTE
Michele SINAPI
Enzo TRAVERSO
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Sauvons le peuple grec de ses sauveurs !

Par un collectif d’intellectuels et d’artistes européens

http://www.liberation.fr/monde/01012391134-sauvons-le-peuple-grec-de-ses-sauveurs

Au moment où un jeune Grec sur deux est au chômage, où 25 000 SDF errent dans les rues d’Athènes, où 30% de la population est tombée sous le seuil de pauvreté, où des milliers de familles sont obligées de placer leurs enfants pour qu’ils ne crèvent pas de faim et de froid, où nouveaux pauvres et réfugiés se disputent les poubelles dans les décharges publiques, les «sauveurs» de la Grèce, sous prétexte que les Grecs «ne font pas assez d’efforts», imposent un nouveau plan d’aide qui double la dose létale administrée. Un plan qui abolit le droit du travail, et qui réduit les pauvres à l’extrême misère, tout en faisant disparaître du tableau les classes moyennes.
Le but ne saurait être le «sauvetage» de la Grèce : sur ce point, tous les économistes dignes de ce nom sont d’accord. Il s’agit de gagner du temps pour sauver les créanciers tout en menant le pays à une faillite différée. Il s’agit surtout de faire de la Grèce le laboratoire d’un changement social qui, dans un deuxième temps, se généralisera à toute l’Europe. Le modèle expérimenté sur les Grecs est celui d’une société sans services publics, où les écoles, les hôpitaux et les dispensaires tombent en ruine, où la santé devient le privilège des riches, où les populations vulnérables sont vouées à une élimination programmée, tandis que ceux qui travaillent encore sont condamnés aux formes extrêmes de la paupérisation et de la précarisation.

Mais pour que cette offensive du néolibéralisme puisse arriver à ses fins, il faut instaurer un régime qui fait l’économie de droits démocratiques les plus élémentaires. Sous l’injonction des sauveurs, on voit donc s’installer en Europe des gouvernements de technocrates qui font fi de la souveraineté populaire. Il s’agit d’un tournant dans les régimes parlementaires où l’on voit les «représentants du peuple» donner carte blanche aux experts et aux banquiers, abdiquant leur pouvoir décisionnel supposé. Un coup d’État parlementaire en quelque sorte, qui fait aussi appel à un arsenal répressif amplifié face aux protestations populaires. Ainsi, dès lors que les députés ont ratifié la convention dictée par la troïka (l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international), diamétralement opposée au mandat qu’ils avaient reçu, un pouvoir dépourvu de légitimité démocratique aura engagé l’avenir du pays pour trente ou quarante ans.
Parallèlement l’Union européenne s’apprête à constituer un compte bloqué où serait directement versée l’aide à la Grèce afin qu’elle soit employée uniquement au service de la dette. Les recettes du pays devraient être en «priorité absolue» consacrées au remboursement de créanciers, et, si besoin est, directement versées à ce compte géré par l’Union européenne. La convention stipule que toute nouvelle obligation émise dans son cadre sera régie par le droit anglais, qui engage des garanties matérielles, alors que les différends seront jugés par les tribunaux du Luxembourg, la Grèce ayant renoncé d’avance à tout droit de recours contre une saisie décidée par ses créanciers. Pour compléter le tableau, les privatisations sont confiées à une caisse gérée par la troïka, où seront déposés les titres de propriété de biens publics. Bref, c’est le pillage généralisé, trait propre du capitalisme financier qui s’offre ici une belle consécration institutionnelle. Dans la mesure où vendeurs et acheteurs siégeront du même côté de la table, on ne doute guère que cette entreprise de privatisation soit un vrai festin pour les repreneurs.
Or toutes les mesures prises jusqu’à maintenant n’ont fait que creuser la dette souveraine grecque et, avec le secours de sauveurs qui prêtent à des taux usuraires, celle-ci a carrément explosé en approchant des 170% d’un PIB en chute libre, alors qu’en 2009 elle n’en représentait encore que 120%. Il est à parier que cette cohorte de plans de sauvetage - à chaque fois présentés comme «ultimes» - n’a eu d’autre but que d’affaiblir toujours davantage la position de la Grèce de sorte que, privée de toute possibilité de proposer elle-même les termes d’une restructuration, elle soit réduite à tout céder à ses créanciers sous le chantage de «la catastrophe ou l’austérité».
L’aggravation artificielle et coercitive du problème de la dette a été utilisée comme une arme pour prendre d’assaut une société entière. C’est à bon escient que nous employons ici des termes relevant du domaine militaire : il s’agit bel et bien d’une guerre conduite par les moyens de la finance, de la politique et du droit, une guerre de classe contre la société entière. Et le butin que la classe financière compte arracher à «l’ennemi», ce sont les acquis sociaux et les droits démocratiques, mais au bout du compte, c’est la possibilité même d’une vie humaine. La vie de ceux qui ne produisent ou ne consomment pas assez au regard des stratégies de maximisation du profit, ne doit plus être préservée.
Ainsi, la faiblesse d’un pays pris en étau entre la spéculation sans limites et les plans de sauvetage dévastateurs, devient la porte dérobée par où fait irruption un nouveau modèle de société conforme aux exigences du fondamentalisme néolibéral. Modèle destiné à toute l’Europe et plus si affinités. C’est le véritable enjeu et c’est pour cela que défendre le peuple grec ne se réduit pas à un geste de solidarité ou d’humanité abstraite : l’avenir de la démocratie et le sort des peuples européens sont en question. Partout la «nécessité impérieuse» d’une austérité «douloureuse, mais salutaire» va nous être présentée comme le moyen d’échapper au destin grec, alors qu’elle y mène tout droit.
Devant cette attaque en règle contre la société, devant la destruction des derniers îlots de la démocratie, nous appelons nos concitoyens, nos amis français et européens à s’exprimer haut et fort. Il ne faut pas laisser le monopole de la parole aux experts et aux politiciens. Le fait qu’à la demande des dirigeants allemands et français en particulier la Grèce soit désormais interdite d’élections peut-il nous laisser indifférents ? La stigmatisation et le dénigrement systématique d’un peuple européen ne mériteraient-ils pas une riposte ? Est-il possible de ne pas élever sa voix contre l’assassinat institutionnel du peuple grec ? Et pouvons-nous garder le silence devant l’instauration à marche forcée d’un système qui met hors la loi l’idée même de solidarité sociale?
Nous sommes au point de non-retour. Il est urgent de mener la bataille des chiffres et la guerre des mots pour contrer la rhétorique ultralibérale de la peur et de la désinformation. Il est urgent de déconstruire les leçons de morale qui occultent le processus réel à l’œuvre dans la société. Il devient plus qu’urgent de démystifier l’insistance raciste sur la «spécificité grecque», qui prétend faire du caractère national supposé d’un peuple (paresse et roublardise à volonté) la cause première d’une crise en réalité mondiale. Ce qui compte aujourd’hui ne sont pas les particularités, réelles ou imaginaires, mais les communs : le sort d’un peuple qui affectera tous les autres.
Bien des solutions techniques ont été proposées pour sortir de l’alternative «ou la destruction de la société ou la faillite» (qui veut dire, on le voit aujourd’hui : «et la destruction et la faillite»). Toutes doivent être mises à plat comme éléments de réflexion pour la construction d’une autre Europe. Mais d’abord il faut dénoncer le crime, porter au grand jour la situation dans laquelle se trouve le peuple grec à cause des «plans d’aide» conçus par et pour les spéculateurs et les créanciers. Au moment où un mouvement de soutien se tisse autour du monde, où les réseaux d’Internet bruissent d’initiatives de solidarité, les intellectuels français seraient-ils donc les derniers à élever leur voix pour la Grèce ? Sans attendre davantage, multiplions les articles, les interventions dans les médias, les débats, les pétitions, les manifestations. Car toute initiative est bienvenue, toute initiative est urgente.

Pour nous, voici ce que nous proposons : aller très vite vers la formation d’un comité européen des intellectuels et des artistes pour la solidarité avec le peuple grec qui résiste. Si ce n’est pas nous, ce sera qui ? Si ce n’est pas maintenant, ce sera quand ?

Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue «Alètheia», Athènes, Michel Surya, directeur de la revue «Lignes», Paris, Dimitris Vergetis, directeur de la revue «Alètheia», Athènes.

Et : Daniel Alvara,Alain Badiou, Jean-Christophe Bailly, Etienne Balibar, Fernanda Bernardo, Barbara Cassin, Bruno Clément, Danielle Cohen-Levinas, Yannick Courtel, Claire Denis, Georges Didi-Huberman, Roberto Esposito, Francesca Isidori, Pierre-Philippe Jandin, Jérôme Lèbre, Jean-Clet Martin, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, Judith Revel, Elisabeth Rigal, Jacob Rogozinski, Hugo Santiago, Beppe Sebaste, Michèle Sinapi, Enzo Traverso

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Let us save the greek people from their saviours

At a time when one in two young Greeks is unemployed, when 25,000 homeless wander in the streets of Athens, when 30% of the population has fallen under the poverty line, when thousands of families are forced to give up their children for fear of them dying from hunger or cold, when the new poor and refugees fight over garbage in landfills, the “saviors” of Greece, under the pretext that the Greeks “haven’t done enough yet,” have imposed a new bailout program that will double the lethal dose. A program that abolishes labor laws and reduces the poor to extreme misery, all while eliminating the middle classes from the scene.

The goal cannot be to “rescue” Greece: on this point all economists worthy of the name agree. They are buying time to save creditors while leading the country to deferred bankruptcy. But above all, Greece is being made into a laboratory for social change that afterwards will be exported throughout all Europe. The model being tested on the Greeks is that of a society without public services, where schools, hospitals and clinics fall into ruin, where healthcare becomes the privilege of the rich, where vulnerable populations are doomed to a programmed elimination, and where those still employed are condemned to the extreme forms of pauperization and precariousness.

But in order for this neoliberal offensive to achieve its ends, it must establish a system that “economizes” on the most basic democratic rights. Under the banner of saviors, we are now witnessing in Europe the rise of a government of technocrats who pay no heed to popular sovereignty. This is a turning point in parliamentary systems, where the “representatives of the people” give carte blanche to experts and bankers, abdicating their own decision-making power. A kind of parliamentary coup d’état, which also makes use of a powerful repressive apparatus in the face of popular protests. Once the deputies have ratified the convention dictated by the troika (the European Union, the European Central Bank and the International Monetary Fund), in diametrical opposition to the mandate they received, a power without democratic legitimacy will have dictated the future of the country for the next thirty or forty years.

Meanwhile the EU is preparing to establish an escrow account that will dispense aid to Greece uniquely in order to service its debt. The revenues of the country should be consecrated with “absolute priority” to the repayment of its creditors, and, if necessary, paid directly to the account managed by the European Union. The agreement stipulates that any new bonds shall be governed by English law, and involve material guarantees; disputes will be adjudicated by the courts of Luxembourg, and Greece waives in advance any right of appeal against claims determined by its creditors. To complete this picture, privatizations are assigned to a fund managed by the troika, in which shall be deposited the titles to public goods. In short: widespread looting, the trademark of financial capitalism which is offered here a stunning institutional sanctification. To the extent that sellers and buyers sit on the same side of the table, we have little doubt that this business of privatization will be a real feast for the takers.
All the measures taken so far have only dug the Greeks deeper into debt and, with the help of rescuers who lend at exorbitant rates, the sovereign debt has today literally exploded, approaching 170% of GDP and rising, while in 2009 it represented no more than 120%. It is likely that the slew of rescue plans—each one presented as the “ultimate”—had no other purpose than to further weaken the position of Greece so that, deprived of any opportunity to itself propose the terms of a restructuring, it is reduced to capitulating to its creditors under the blackmail of “disaster or austerity.”

The artificial and coercive worsening of the debt problem has been used as a weapon to assault an entire society. Our words are here chosen carefully: if we use military terms, it is because what is happening is indeed a war conducted by means of finance, politics and law, a class war against society as a whole. And the booty that the financial class must seize from the “enemy” is social gains and democratic rights, and ultimately the very possibility of a human life. The lives of those who do not consume or produce enough with regard to profit maximization strategies should no longer be preserved.

Thus, the weakness of a country caught between limitless speculation and devastating bailout programs, becomes the backdoor through which emerges a new social model conforming to the dictates of neoliberal fundamentalism. A model for all of Europe and perhaps beyond. This is what is really at stake, and that is why the defense of the Greek people cannot be reduced to a gesture of solidarity or abstract humanity: the future of democracy and the fate of European peoples hangs in the balance. Everywhere the “pressing necessity” of a “painful but salutary” austerity is presented as the only way to escape a fate like the Greeks, while leading us straight there.

In the face of this attack against society, and before the destruction of the last pockets of democracy, we call on our fellow citizens, our French and European friends to speak up loudly and clearly. We must not allow experts and politicians to monopolize the discourse. Can we remain indifferent before the fact that at the demand of German and French leaders Greece is now banned from elections? The stigmatization and the systematic denigration of a European people—does this not deserve a response? Is it possible not to raise one’s voice against the institutional assassination of the Greek people? And can we remain silent before the coercive installation of a system that outlaws the very idea of social solidarity?
We are at the point of no return. It is urgent to fight the battle of numbers and the war of words to counter the ultra-liberal rhetoric of fear and misinformation. There is an urgent need to deconstruct the morality tales that obscure the actual processes at work in society. And it has become more than urgent to demystify the racist insistence on the “specificity of the Greeks” that makes the supposedly national character of a people (lazy and cunning at turns) the root cause of a crisis that in reality is global. What matters today are not particularities, real or imagined, but what is common: the fate of a people that will affect all others.
Numerous technical solutions have been proposed to overcome the alternative “either the destruction of society or else bankruptcy” (which effectively means, as we see today, “destruction and bankruptcy”). All must be brought to the table as elements of reflection for the construction of another Europe. But first we must denounce the crime, and bring to light the deplorable situation in which the Greek people find themselves thanks to “rescue packages” designed by and for speculators and creditors. At a time when a movement of support is being forged around the world, when the Internet buzzes with initiatives of solidarity, will French intellectuals be the last to raise their voices for Greece? Without further delay, we must multiply articles, media interventions, debates, petitions, demonstrations. All initiatives are welcome, all initiatives are urgent.
As for us, this is what we propose: to form as quickly as possible a European Committee of intellectuals and artists in solidarity with the Greek people who resist. If not us, who? If not now, when?
Vicky Skoumbi, review “Alètheia”, Athens.
Michel Surya, review “Lignes”, Paris.
Dimitris Vergetis, review “Alètheia”, Athens.
And : Daniel Alvara, Alain Badiou, Jean-Christophe Bailly, Etienne Balibar, Fernanda Bernardo, Barbara Cassin, Bruno Clément, Danielle Cohen-Levinas, Yannick Courtel, Claire Denis, Georges Didi-Huberman, Roberto Esposito, Francesca Isidori, Pierre-Philippe Jandin, Jérôme Lèbre, Jean-Clet Martin, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, Judith Revel, Elisabeth Rigal, Jacob Rogozinski, Hugo Santiago, Beppe Sebaste, Michèle Sinapi, Enzo Traverso.
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Salvemos o povo grego dos seus salvadores!

Por um colectivo de intelectuais e de artistas europeus

Num momento em que um em cada dois jovens gregos está no desemprego, em que 25 000 pessoas sem abrigo vagueiam nas ruas de Atenas, em que 30% da população caiu abaixo do limiar de pobreza, em que milhares de famílias são obrigadas a entregar os filhos a instituições para que não morram de fome e de frio, em que os novos pobres e os refugiados lutam à compita nas lixeiras públicas, os «salvadores» da Grécia, com o pretexto de que os Gregos «não se esforçam suficientemente», impõem um novo plano de ajuda que duplica a dose letal administrada. Um plano que abole o direito do trabalho e que reduz os pobres à extrema miséria, ao mesmo tempo que elimina de cena as classes médias.

O objectivo não pode ser a «salvação» da Grécia: neste ponto, todos os economistas dignos do nome estão de acordo. Trata­‑se de ganhar tempo para salvar os credores, ao mesmo tempo que se leva o país a uma falência diferida. Trata­‑se sobretudo de fazer da Grécia o laboratório de uma mudança social que, num segundo tempo, se generalizará a toda a Europa. O modelo experimentado na pele dos Gregos é o de uma sociedade sem serviços públicos, em que as escolas, os hospitais e os dispensários caem em ruínas, em que a saúde passa a ser privilégio dos ricos, em que as populações vulneráveis são votadas a uma eliminação programada, enquanto os que ainda trabalham ficam condenados às formas extremas da pauperização e da precarização.

Mas para que poder alcançar os seus fins, esta ofensiva do neo­‑liberalismo tem de instaurar um regime que passa por cima dos direitos democráticos mais elementares. Sob a injunção dos salvadores, vemos pois instalarem­‑se na Europa governos de tecnocratas que desprezam a soberania popular. Estamos perante uma viragem nos regimes parlamentares, pela qual vemos os «representantes do povo» dar carta branca aos peritos e aos banqueiros, abdicando do seu suposto poder de decisão. Trata­‑se, de certa maneira, de um golpe de Estado parlamentar que recorre também a um arsenal repressivo ampliado perante os protestos populares. Assim, a partir do momento em que os deputados ratificaram a convenção ditada pela troika (a União Europeia, o Banco Central Europeu e o Fundo Monetário Internacional), diametralmente oposta ao mandato que esses mesmos deputados haviam recebido, um poder desprovido de legitimidade democrática comprometeu o futuro do país por trinta ou quarenta anos.

Paralelamente, a União Europeia prepara­‑se para constituir uma conta bloqueada em que será directamente depositada a ajuda à Grécia a fim de ser empregue exclusivamente no serviço da dívida. As receitas do país passarão a ser consagradas em «prioridade absoluta» ao reembolso dos credores e, se necessário, directamente depositadas nessa conta gerida pela União Europeia. A convenção estipula que todas as novas obrigações emitidas no seu quadro serão regidas pelo direito inglês, que impõe garantias materiais, e que os diferendos serão julgados pelos tribunais do Luxemburgo, tendo a Grécia renunciado antecipadamente a todo e qualquer direito de recurso contra qualquer penhora decidida pelos credores. Para completar o quadro, as privatizações são confiadas a uma caixa gerida pela troika, na qual serão depositados os títulos de propriedade dos bens públicos. Em suma, é a pilhagem generalizada, característica própria do capitalismo financeiro que obtém aqui uma bela consagração institucional. Na medida em que vendedores e compradores se sentarão do mesmo lado da mesa, não se duvidará de que tal empresa de privatização virá a ser um verdadeiro festim para os futuros novos proprietários.

Ora, todas as medidas tomadas até agora apenas vieram aumentar a dívida soberana grega e, com a ajuda de salvadores que emprestam a taxas usurárias, esta explodiu literalmente, aproximando­‑se de 170% do PIB, um PIB que cai a pique, quando em 2009 ainda só representava 120% desse mesmo índice. Será de supor que este cortejo de planos de salvamento – apresentados sempre como «últimos» – outro objectivo não tinha do que o de enfraquecer cada vez mais a posição da Grécia, por forma a que, privada de toda e qualquer possibilidade de propor ele próprio os termos de uma reestruturação, o país se visse reduzido a ceder tudo aos seus credores ante a chantagem do dilema: «catástrofe ou austeridade».

O agravamento artificial e coercivo do problema da dívida foi utilizado como uma arma para tomar de assalto toda uma sociedade. É deliberadamente que empregamos aqui termos do domínio militar: trata­‑se efectivamente de uma guerra conduzida pelos meios da finança, da política e do direito, uma guerra de classe contra toda a sociedade. E o saque que a classe financeira espera arrancar ao «inimigo», são as conquistas sociais e os direitos democráticos, e, no fim de contas, é a própria possibilidade de uma vida humana. No entender das estratégias de maximização do lucro, a vida dos que não produzem ou não consomem suficientemente não deve já ser preservada.

Assim, a debilidade de um país apanhado numa tenaz entre a especulação sem limites e os planos de salvamento devastadores torna­‑se a porta escusa por onde irrompe um novo modelo de sociedade conforme às exigências do fundamentalismo neo­‑liberal. Modelo destinado a todos os países da Europa e mais algum. É isso que verdadeiramente está em jogo e é por isso que defender o povo grego não se reduz a um gesto de solidariedade ou de humanidade abstracta: o que está em causa é o futuro da democracia e a sorte dos povos europeus. Por todo o lado, vai­‑nos ser apresentada a «necessidade imperiosa» de uma austeridade «dolorosa mas salutar» como meio de escapar ao destino grego, quando na verdade essa política é precisamente aí que nos conduz.

Perante este ataque em regra contra a sociedade, perante a destruição dos últimos redutos da democracia, apelamos aos nossos concidadãos, aos nossos amigos franceses e europeus para que se exprimam em alto e bom som. Não se pode deixar o monopólio da palavra aos peritos e aos políticos. O facto de, a pedido dos dirigentes alemães e franceses em particular, a Grécia ter ficado proibida de eleições poderá deixar­‑nos indiferentes? A estigmatização e a difamação sistemáticas de um povo europeu não merecerão resposta? Será que podemos não erguer a voz contra o assassinato institucional do povo grego? E poderemos manter o silêncio ante a instauração a marchas forçadas de um sistema que põe fora da lei a própria ideia de solidariedade social?

Estamos no ponto de não retorno. É urgente travar a batalha dos números e a guerra das palavras para contrariar a retórica ultra­‑liberal do medo e da desinformação. É urgente desconstruir as lições de moral que ocultam o processo real em acção na sociedade. É mais do que urgente desmistificar a insistência racista na «especificidade grega», que pretende fazer do pretenso carácter de um povo (preguiça e matreirice desenfreadas) a cause primeira de uma crise que é, na realidade, mundial. O que hoje conta não são as particularidades, reais ou imaginárias, mas as coisas comuns: a sorte de um povo que afectará todos os outros.

Foram propostas bastantes soluções técnicas para escapar à alternativa: «destruição da sociedade ou falência» (a qual, como agora vemos, quer dizer: «destruição e falência»). Todas essas soluções devem ser postas na mesa como elementos de reflexão para a construção de uma outra Europa. Mas há que começar por denunciar o crime, expor à luz do dia a situação em que se encontra o povo grego em consequência dos «planos de ajuda» concebidos para e pelos especuladores e credores. No momento em que se tece por todo o mundo um movimento de apoio, em que as redes da Internet fervilham de iniciativas de solidariedade, os intelectuais europeus serão então os últimos a elevar a sua voz pela Grécia? Sem esperar mais, multipliquemos os artigos, as intervenções nos média, os debates, as petições, as manifestações. Com efeito, todas as iniciativas são bem­‑vindas, todas as iniciativas são urgentes.

Quanto a nós, eis aquilo a que nos propomos: trabalhar rapidamente pela formação de um comité europeu dos intelectuais e dos artistas pela solidariedade com o povo grego que resiste. Se não formos nós, quem será? Se não for agora, quando será?

Vicky Skoumbi, chefe de redacção da revista «Alètheia», Atenas, Michel Surya, director da revista «Lignes», Paris, Dimitris Vergetis, director da revista «Alètheia», Atenas. E : Daniel Alvara, Alain Badiou, Jean-Christophe Bailly, Etienne Balibar, Fernanda Bernardo, Barbara Cassin, Bruno Clément, Danielle Cohen-Levinas, Yannick Courtel, Claire Denis, Georges Didi-Huberman, Roberto Esposito, Francesca Isidori, Pierre-Philippe Jandin, Jérôme Lèbre, Jean-Clet Martin, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, Judith Revel, Elisabeth Rigal, Jacob Rogozinski, Hugo Santiago, Beppe Sebaste, Michèle Sinapi, Enzo Traverso

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Salvemos
al pueblo griego
de sus salvadores!


Por un colectivo de intelectuales y artistas europeos

En momentos en que uno de dos Griegos jóvenes están sin trabajo, en que 25.000 sin hogar caminan sin rumbo por las calles de Atenas, donde el 30% de la población ha caído bajo el nivel de pobreza, donde miles de familias se ven obligadas a ubicar a sus hijos para que no mueran de hambre y de frío, donde los nuevos pobres y refugiados se disputan la basura de los cubos o contenedores públicos, los “salvadores” de Grecia, bajo el pretexto de que los Griegos “no hacen suficientes esfuerzos”, imponen un nuevo plan de ayuda, que duplica la dosis letal ya administrada. Un plan que anula el derecho al trabajo, y que reduce a los pobres a la miseria extrema, haciendo desaparecer la clase media.
La meta no es “el salvataje” de Grecia: sobre este punto, todos los economistas dignos de ese nombre están de acuerdo. Se trata de ganar tiempo para salvar a los acreedores, llevando al país a una quiebra lenta.
Se trata, sobre todo, de transformar a Grecia en el laboratorio de un cambio social que, en segunda instancia, se generalizará a toda Europa.
El modelo experimental de Grecia es el de una sociedad sin servicios públicos, donde las escuelas, los hospitales, las policlínicas caigan en la ruina; donde la salud sea un privilegio de los ricos, donde la población vulnerable está condenada a una eliminación programada, mientras que los que todavía trabajan están condenados a la pauperización y la precariedad.
Pero, para que esta ofensiva del neoliberalismo pueda llegar a sus fines, hay que instaurar un régimen de minimización de los derechos democráticos más elementales. Bajo el mandato de los “salvadores”, vemos, pues, que se está instalando en Europa gobiernos de tecnócratas que hacen caso omiso de la soberanía popular, que la desprecian. Se trata de una vuelta de tuerca en los regímenes parlamentarios, donde se ve a los “representantes del pueblo” dar carta blanca a los expertos y a los banqueros, abdicando de su supuesto poder de decisión. Una especie de golpe de estado parlamentario, que apela también a un arsenal represivo amplificado contra las protestas populares.
De manera que, cuando los diputados ratificaron la convención dictada por la troïka (Unión Europea, el Banco Central Europeo y el Fondo Monetario Internacional), opuesta diametralmente al mandato que habían recibido, un poder sin legitimidad democrática, comprometieron el porvenir del país por treinta o cuarenta años.
Paralelamente, la Unión Europea está preparándose para abrir una cuenta bloqueada, en la cual se vuelque o deposite únicamente el servicio de la deuda Griega. Las recetas deberán ser “prioridad absoluta”, consagradas al reembolso de los acreedores, y, si es necesario, vertidas directamente a esa cuenta manejada por la Unión Europea.
La convención estipula que, cualquier tipo de nueva obligación emitida en este marco será reglamentada por el derecho inglés, que compromete garantías materiales, mientras que los diferendos serán juzgados por los tribunales de Luxemburgo, dado que Grecia ha renunciado por adelantado a cualquier derecho de recurso contra un embargo decidido por sus acreedores. Para completar el cartón, las privatizaciones están manejadas por una caja gerenciada por la troïka, donde serán depositados los títulos de propiedad de los bienes públicos. En una palabra, esto es el pillaje general, propio del capitalismo financiero, bellamente consagrada e instucionalizada. En la medida en que vendedores y compradores se sienten en el mismo lugar de la mesa, no tenemos ninguna duda de que este negocio de privatización es un verdadero festín para los participantes.

Por otra parte, todas las medidas tomadas hasta el día de hoy han profundizado la deuda soberana griega, y, con el auxilio de los salvadores que prestan a tasas leoninas, dicha deuda ha explotado fuertemente, acercándose al 170% de un PBI en caída libre, mientras que en 2009 sólo representaba el 120%. Apostamos a que esta horda de planes de salvataje – cada una presentada como “la última”- no tuvo otra meta que debilitar cada vez más la posición de Grecia, de manera que, privada de toda posibilidad de proponer ella misma los términos de una reestructuración, esté reducida a ceder todo a sus acreedores bajo el chantaje de “la catástrofe o la austeridad”.
El agravamiento artificial y coercitivo del problema de la deuda ha sido utilizado como arma para tomar por asalto a una sociedad entera.
A ciencia cierta nosotros empleamos términos del vocabulario militar: se trata, hablando bien y pronto, de una guerra conducida por los medios, de las finanzas, de la política y del derecho, una guerra de clase contra la sociedad entera.
Y el botín que la clase financiera piensa arrancar “al enemigo”, son las conquistas sociales y los derechos democráticos, pero, al final de cuentas, es la misma posibilidad de una vida humana. Las vidas de aquellos que no producen o no consumen lo suficiente, a los ojos de las estrategias de maximización del beneficio, no cuentan.

Asimismo, la debilidad de un país atornillado entre la especulación sin límites y los planes de salvataje devastadores, es la puerta secreta por donde irrumpe un nuevo modelo de sociedad conforme a las exigencias del fundamentalismo neoliberal. Modelo destinado a toda Europa y afines. Esto es lo que está en juego, y es por esto, que defender al pueblo Griego no se reduce sólo a un gesto de solidaridad o humanidad abstracta: el porvenir de la democracia y la suerte de los pueblos europeos están en cuestión. En todos lados “la necesidad imperiosa” de una austeridad “dolorosa, pero saludable” se nos presentará como el medio de escapar del destino griego, dado que ella (la austeridad dolorosa, pero saludable) todo lo puede.

Ante este ataque reglamentado contra la sociedad, ante la destrucción de los últimos islotes de la democracia, llamamos a nuestros conciudadanos, nuestros amigos franceses y europeos a expresarse alto y fuertemente. No hay que dejar el monopolio de la palabra a los expertos y a los políticos.
¿El hecho de que por mandato de los dirigentes alemanes y franceses, en particular Grecia esté impedida, de aquí en adelante, de elegir, puede dejarnos indiferentes? La estigmatización y la denigración sistemáticas de un pueblo europeo merecerían una respuesta. ¿Es posible callarse ante el asesinato institucional del pueblo Griego? ¿Podemos guardar silencio ante la instauración forzada de un sistema que pone fuera de la ley la idea misma de solidaridad social?

Estamos en un punto de no retorno. Es urgente entablar batalla contra las cifras y la guerra de palabras para contrarrestar la retórica ultraliberal del miedo y la desinformación. Es urgente demoler las lecciones de moral que ocultan el proceso real en bien de la sociedad. Más urgente aun es desmistificar la insistencia racista sobre “la especificidad griega”, que pretende hacer suponer que el carácter nacional de este pueblo (“haragán y taimado”) es la causa primordial de una crisis, en realidad, mundial. Lo que importa hoy no son las particularidades, reales o imaginarias, sino las comunes: la suerte de un pueblo afectará a otros pueblos.

Muchas soluciones técnicas han sido propuestas para salir de la alternativa: “o la destrucción de la sociedad o la quiebra” (que quiere decir, hoy lo estamos viendo: “y la destrucción y la quiebra”). Todas deben ser puestas en consideración como elementos de reflexión para la construcción de una nueva Europa. Pero, primero, debemos denunciar el crimen, poner en primer plano la situación en que se encuentra el pueblo griego a causa de “los planes de ayuda” perjeñados para y por los especuladores y los acreedores. En momentos donde un movimiento de sostén se teje alrededor del mundo, donde las redes de Internet rebosan de iniciativas de solidaridad, ¿los intelectuales franceses deberían ser los últimos en elevar su voz por Grecia?
Sin esperar más, multipliquemos los artículos, las intervenciones en los medios, los debates, las peticiones, las manifestaciones. Puesto que toda iniciativa es bienvenida, toda iniciativa es urgente.
Por nosotros, he aquí lo que proponemos: ir rápidamente hacia la formación de un Comité Europeo de intelectuales y artistas por solidaridad con el pueblo griego que resiste. Si no somos nosotros, ¿quién lo será. Si no es ahora, ¿cuándo será?

Vicky Skoumbi, redactora jefa de la revista “Alètheia”, Atenas.
Michel Surya, director de la revista “Lignes”, Paris.
Dimitris Vergetis, director de la revista “Alètheia”, Atenas.
Y: Daniel Alvara, Alain Badiou, Jean-Christophe Bailly, Etienne Balibar, Fernanda Bernardo, Barbara Cassin, Bruno Clément, Danielle Cohen-Levinas, Yannick Courtel, Claire Denis, Georges Didi-Huberman, Roberto Esposito, Francesca Isidori, Pierre-Philippe Jandin, Jérôme Lèbre, Jean-Clet Martin, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, Judith Revel, Elisabeth Rigal, Jacob Rogozinski, Hugo Santiago, Beppe Sebaste, Michèle Sinapi, Enzo Traverso.

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Radio publique nationale française France info
http://www.franceinfo.fr/l-histoire-du-jour-jean-leymarie

http://www.franceinfo.fr/economie/l-histoire-du-jour/le-succes-inattendu-d-un-appel-ne-en-france-moi-aussi-je-suis-grec-537717-2012-02-24


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http://www.manifestoforabetterworld.com/?page_id=33

Un autre texte provenant d'Italie et du Portugal
Another text from Italy and Portugal

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Greece- Appeal
“MANIFESTO FOR A BETTER WORLD” AND “DOCENTI PREOCCUPATI”: APPEAL of solidarity to colleagues and people of Greece


“We are indeed very puzzled, even devastated to see all this happen, and our hopes for the future crumble. Each day i try to find something inspiring and bright to tell my daughter, but it is not at all easy. And then i look at my mother, who has worked all her life very hard and raised me by herself, and i feel i cannot even protect her as much as i ought to. Sorry to be so personal, but all this touches us all in so many ways. And despite the responsibility that we have for our economy, it was not all of us who stole or exploited, and so it hurts even more.”

This email was sent from a colleague working in an University of Athens. The austerity programs imposed by the so-called troika – EU, IMF and European Central Bank -, whose official aim is to make competitive the Greek economy, are destroying the lives of people in the country which was the cradle of what is considered European civilization-and that is still so defined – despite the horrible barbarities perpetrated by other nations of the continent – thanks to the great contribution of the Hellenic philosophy and art.

On the Greek crisis, there are many analysis, often conflicting, but a growing number of international observers denounce the inability of European leaders to tackle the problems of a country that represents only the 3% of EU GDP (see notes )! These same leaders are in fact muddying the values on which Europe should be based, favoring the violation of human rights against the Greek vulnerable groups (namely old people and children). To give just one example, a recent BBC report revealed that Greek parents are too poor to care for their children, who are left in the nursery or at the doors of churches.

See The Greek parents too poor to care for children by Chloe Hadjimatheou
BBC World Service, Athens
http://www.bbc.co.uk/news/magazine-16472310

While the Greek children are hungry, Le Devoir from Montreal, reveals, in an editorial in the February 6, 2012, the interests of German and French economic groups in the privatizations imposed on Greece, interests that are not no stranger to the imposition of measures.

In http://www.ledevoir.com/international/europe/341896/crise-grecque-exasperant
We may read: “C’est bien simple: à Berlin, mais aussi dans d’autres capitales, on juge que le programme de privatisation des joyaux de la couronne grecque évolue à un rythme beaucoup trop lent. Si lent, d’ailleurs, que le premier ministre grec, le technocrate Lucas Papadémos, a effectivement annoncé que la conclusion du programme en question avait été retardée de trois ans, soit 2020 au lieu de 2017. Son argument ? Présider à une vente de feu * reviendrait à brader certaines sociétés publiques sur lesquelles, murmure-t-on à la Bourse de Francfort comme à celle de Paris, des entreprises allemandes et françaises avaient un oeil.”
In this dramatic context, we, European citizens professionally engaged in research and teaching for institutions of higher education, feel duty bound to make an appeal to colleagues in other countries, because they express their solidarity with the Greek people, fight against shameful stereotypes and become active promoters of a rapid change in the leadership of the Union, in order to prevent the betrayal of the values promoted by the founding fathers and to bring European countries towards the perspective of solidarity and human rights.

The Promoters,

Giovanna Campani, Carlo Catarsi, Tiziana Chiappelli, Andrea Spini (Università di Firenze, Itália), Maurizio Matteuzzi, Alessandra Maltoni, Giorgio Tassinari, Raffaella Baldelli (Università di Bologna, Itália), Maria José Casa-Nova (Universidade do Minho, Portugal), Nikos Trimikliniotis (University of Larnaca), João Teixeira Lopes (universidade do Porto, Portugal), Ana Benavente (universidade de Lisboa, Portugal), Carlos Estêvão (Universidade do Minho, Portugal), Fernando Diogo (universidade dos Açores)

* « Vente de feu » (note newsletter Je suis grec) : expression québécoise pour une vente à des prix extrêmement bas, généralement lorsque le vendeur fait face à la faillite.

samedi 25 février 2012

La Grèce en lutte de 2012 comme l’Espagne de 1936 pour les peuples d’Europe ! - Par Sonia Mitralia

La Grèce en lutte de 2012 comme l’Espagne de 1936 pour les peuples d’Europe !
Par Sonia Mitralia

Coordinationeurope mailing list
Coordinationeurope@cadtm.org
https://listes.domainepublic.net/listinfo/coordinationeurope


(Ce discours de Sonia Mitralia, membre du Comite grec contre la Dette et de l’Initiative des Femmes contre la Dette et les Mesures d’Austérité, a été prononcé au meeting de Marseille du 17 février, organisé par la campagne française « pour un audit citoyen de la dette publique »).

Le cours de l’histoire s’accélère et les événements cataclysmiques des derniers jours en Grèce doivent désormais convaincre même les plus hésitants : La Grèce tend à devenir aujourd’hui pour cette Europe de 2012 ce qu’a été l’Espagne pour l’Europe de 1936 ! Cette constatation apparemment osée  n’est pas le fait de quelques romantiques. Non, c’est le fait de nos gouvernants car ceux qui nous l’assènent à longueur de journée depuis bientôt deux ans, ce sont ceux d’en haut, les Merkel et Sarkozy, le FMI et les banquiers, la réaction néolibérale par delà les frontières nationales, ceux qui ont choisi de transformer la Grèce en laboratoire de leurs politiques inhumaines et les grecs en cobayes de leur thérapie de choc.
 Il est plus que temps que nous, ceux et celles d’en bas de toute l’Europe, prenons à la lettre ce que nous disent nos Merkozy et leur Troika, et que nous agissons enfin en conséquence. Acceptons le défi et répondons leur que désormais, sans tarder, la Grèce va devenir un cas/test pour nous aussi, pour le mouvement des travailleurs, pour les mouvements sociaux et féministes, pour les peuples et les exploités de toute l’Europe! Oui, faisons leur comprendre que Oui, nous sommes tous des grecs car, nous sommes pleinement conscients que le combat du peuple grec est plus que jamais notre combat. Que s’ils arrivent à briser les résistances et à soumettre le peuple grec, après ce sera notre tour, le tour de tous les autres peuples européens, l’un après l’autre, de passer à la trappe…
 
Peut être vous vous souvenez qu’au tout début ils nous racontaient des balivernes du genre « c’est un cas unique et spécifiquement grec dû au fait que ces grecs sont des fainéants, rompus à la corruption et au mensonge » Cependant depuis lors, on a appris que le trou noir de la dette n’est pas spécifiquement grec, qu’il n’est pas dû à la prétendue…hypertrophie de l’Etat grec, car il est aussi bien américain que français, italien que japonais. En somme, qu’il est typiquement capitaliste et sa crise tout simplement…systémique.
 Mais, attention aux phrases toutes faites et aux clichés parce qu’ils sont inopérants pour décrire l’actuelle réalité grecque. Peut-on encore parler  d’austérité  même draconienne quand les salaires et les pensions baissent en Grèce de 40, 50 ou même de 60% ? Quand le pouvoir d’achat de l’écrasante majorité de la population est déjà amputé de 50, 60, ou même de 70%  et plus ? Quand la classe moyenne de ce pays est ruinée et en voie de paupérisation galopante ?  Quand les nouveaux salariés ne touchent plus que 417 euros et les nouveaux pensionnés 320 euros ? Est-ce de la simple « rigueur » quand un sur deux jeunes grecs est chômeur et le chômage atteint désormais 25% ?  Comment peut-on parler des simples… « sacrifices passagers » quand la malnutrition fait des ravages parmi les petits élèves de l’école primaire, et la faim pointe le nez dans les quartiers même petit bourgeois des villes grecques ?  Et comment peut-on prétendre que tout ca c’est « nécessaire  pour mettre de l’ordre dans les finances » de la Grèce quand les bourreaux eux-mêmes  admettent cyniquement que leurs politiques imposées de force à la Grèce ont échouées, ne font qu’enfoncer ce pays toujours plus profondément dans une récession monstrueuse et que la dette grecque ne pourra jamais être remboursée ?  Alors, simple sadisme de la tristement célèbre Troïka ou  plutôt guerre ouverte et déclarée du capital contre le monde du travail ? La réalité quotidienne nous oblige à l’admettre : Oui, nous en Grèce nous assistons à une véritable guerre de ceux d’en haut contre ceux d’en bas, des très riches contre tous les autres. Et en même temps, ne l’oublions pas car c’est très grave, nous assistons à la résurrection du pire néocolonialisme quand nous voyons la Grèce humiliée et dépourvue de pratiquement toute souveraineté nationale, traitée pas ses prétendus… partenaires européens comme une véritable colonie, un protectorat sous tutelle, dirigée sur place par un quelconque Gauleiter de Madame Merkel et de Monsieur Schaeuble…
 Et les grecs eux-mêmes, que font-ils ? Attention, ne croyez pas ce qu’on vous raconte des grecs. Vos medias sont comme les nôtres : la réalité qu’ils nous décrivent est totalement irréelle. Nous parlant de la Grèce actuelle, ils insistent sur le fait qu’il y a  à Athènes un gouvernement d’Union Nationale appuyé par les quatre cinquièmes des représentants du peuple grec. Donc, si on les croyait   on arriverait à la conclusion que les grecs sont plutôt maso et adorent être maltraités…
Evidemment, la réalité est toute autre. Une douzaine de grèves générales en moins de deux ans, d’innombrables luttes et grèves très dures dans tout le pays, un climat presque insurrectionnel depuis des mois, un mouvement des Indignés -les Aganaktismeni grecs- qui a balayé toute la Grèce pendant 3 mois, des affrontements très violents avec les forces de répression déchaînées, des ministres et des députés qui n’osent plus sortir de chez eux depuis 10 mois car ils sont hués ou même tabassés  par les passants, un parlement assiégé de plus en plus fréquemment par des centaines des milliers de manifestants qui tôt ou tard vont le prendre d’assaut,… voila un bref aperçu de ce qu’est devenue la routine presque quotidienne en Grèce depuis de longs mois.
 Mais tout ca ne représente que des secousses prémonitoires du très grand séisme social qui est en train de se préparer. En effet, un coup d’œil plus attentif suffirait pour qu’on découvre que la colère populaire bat actuellement des records historiques, que le pays est comme un volcan social prêt à exploser. D’ailleurs, les sondages qui se multiplient sont tous éloquents. L’appui populaire à ce gouvernement dit d’Union Nationale ne dépasse plus le 8% tandis que l’ensemble des partis à la gauche du PASOK social-démocrate font un score dépassant désormais les 50% !  Tout change à une vitesse hallucinante et le paysage politique grec subit un véritable chambardement sans précédent parce que des pans entiers de cette société sont à la recherche des solutions radicales à la crise et à leur paupérisation galopante. Vous voulez un exemple qui illustre parfaitement cette situation tout à fait exceptionnelle, qui ressemble de plus en plus avec ce qui se passait dans un certain entre deux guerres dans notre continent ? Le PASOK qui, il y a deux ans, a fait un triomphe gagnant les élections avec le score-record de 45%, obtient maintenant, selon tous les sondages, moins de 10% tandis qu’un groupuscule de tueurs néonazis atteint depuis peu les 3% !  Oui, la société grecque est déjà en train d’expérimenter sa propre République de Weimar…
 Alors, que faire ? La première chose c’est de crier haut et fort que les grecs ne doivent pas payer cette dette qui les étrangle et qui n’est pas la leur. Qu’on doit suspendre tout de suite son paiement. Pourquoi faire ? Pour faire ce que nous oblige de faire le droit international, l’ONU, nombre de conventions internationales signées d’ailleurs par nos gouvernements : Pour investir les sommes astronomiques consacrées maintenant au service de cette dette, à la satisfaction des besoins élémentaires de la société grecque, à la santé, l’éducation, les infrastructures, les services publics, les chômeurs, les gosses affamés, les familles monoparentales, les malades et les infirmes, les femmes qui sont maintenant contraintes d’assumer gratis  et en famille toutes ces taches assumées par les services publics avant leur démantèlement et leur privatisation.
 Pour combien de temps ? Pour le temps qu’il faudra pour réaliser un audit citoyen de la dette afin d’identifier sa part illégitime qu’il faudra annuler et ne pas payer. Et tout ca en refusant obstinément de tomber dans le piège des chantages de nos bourreaux qui nous répètent à longueur de journée qu’une telle politique radicale mène automatiquement le pays à la sortie de l’euro et  de l’Union Européenne, à un repli national obligatoire…
 Non, non et non. Nous refusons de payer cette dette et en même temps nous restons dans la zone euro. Et la raison principale est simple : parce que nous voulons nous battre avec vous, tous ensembles, la main dans la main avec tous les peuples et tous les travailleurs de ce continent, pour foutre en l’air cette Europe du capital, des Merkel et des Sarkozy. Parce que nous voulons créer et amplifier ce qu’on appelle la « crise systémique » de cette Union Européenne antidémocratique et antisociale des riches. Oui, il n’y a désormais qu’une seule perspective, la seule réaliste et faisable, celle du combat commun de ceux d’en bas partout en Europe. Camarades, c’est maintenant plus que jamais que l’union fait la force. Unissons-nous car tous ensembles nous pouvons toujours changer ce monde qui est en train de pourrir. Avant qu’il ne soit pas trop tard… Et rappelez-vous : Si ce n’est pas nous, alors qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?...

vendredi 24 février 2012

FRANCE INFO - Le succès inattendu d'un appel né en France : "Moi aussi, je suis grec..."


FRANCE INFO - Le succès inattendu d'un appel né en France : "Moi aussi, je suis grec..."

Une bonne chronique passée ce matin 24 février sur France Info, radio nationale publique.
Elle est écoutable et postcastable sur la rubrique http://www.franceinfo.fr/l-histoire-du-jour-jean-leymarie
à partir de ce lien :
Il est possible de partager cette annonce sur Facebook et la commenter.





jeudi 23 février 2012

Eleftherotypia en autogestion.


Article sur le site de l'organisation française : Action-CRItique-MEDias [Acrimed].

Grèce : un journal contrôlé et édité par ses propres salariés

par Moissis Litsis, le 18 février 2012

Nous publions, sous forme de tribune, la « Tribune libre » de Moissis Litsis, dirigeant du mouvement gréviste des 800 travailleurs et travailleuses du grand quotidien grec Eleftherotypia (Liberté de la presse). Cet article a été publié le 15 février, dans sa version française, sur le site Europe solidaire sans frontières (ESSF), qui nous a autorisé à la reproduire.

Ça y est ! C’est fait ! Les travailleurs d’Eleftherotypia, un des plus grands et plus prestigieux quotidiens grecs, vont de l’avant dans la grande entreprise de l’édition de leur propre journal, « Les Travailleurs à Eleftherotypia » !

Depuis le mercredi 15 février, les kiosques dans tout le pays affichent à côté des journaux habituels un journal de plus, écrit par ses propres salariés. Un journal qui ne cherche pas seulement à mettre en évidence la lutte des travailleurs de Eleftherotypia, mais qui veut aussi être un journal d’information complète, spécialement en cette période si critique pour la Grèce.

Les 800 travailleurs et travailleuses à l’entreprise X. K. Tegopoulos, qui édite le journal Eleftherotypia, des journalistes aux techniciens, des nettoyeuses aux employés et aux concierges, sont en grève reconductible depuis le 22 décembre 2011 puisque le patron ne leur verse plus leurs salaires depuis août passé !

Les travailleurs de Eleftherotypia, voyant que le patron demande l’application de l’article 99 du code des mises en faillite, en vue de se protéger de ses créanciers, en réalité ses salariés auxquels il doit un total d’environ 7 millions d’euros en salaires impayés (!), ont décidé parallèlement aux mobilisations et aux actions en justice de faire paraître leur propre journal. Un journal distribué par les agences de la presse dans tout le pays, pour le prix de 1 euro (contre le 1,30 euro qui est le prix habituel des autres journaux), avec comme objectif de soutenir la caisse de grève.

Étant impayés depuis sept mois, les travailleurs et travailleuses de Eleftherotypia sont soutenus par un mouvement de solidarité de diverses collectivités ou même de citoyens isolés qui font des dons en argent ou en nature (nourriture, couvertures, etc). Avec l’édition de leur propre journal et l’argent de sa vente, ils pourront soutenir financièrement leur grève sans qu’il y ait la moindre médiation de personne : en somme, ils avancent dans une sorte d’autogestion.

Le journal a été confectionné dans un atelier ami, dans une ambiance qui rappelait l’édition d’un journal clandestin, puisque la direction, dès qu’elle a appris que les journalistes vont de l’avant dans leur entreprise d’édition, a coupé d’abord le chauffage, ensuite le système employé par les rédacteurs pour écrire leurs articles et enfin, elle a fermé l’atelier lui-même, bien que pour l’instant l’accès aux bureaux du journal reste libre. Eleftherotypia des Travailleurs a été imprimée dans une imprimerie étrangère à l’entreprise avec l’appui des syndicats des salariés de la presse, parce que les travailleurs de sa propre imprimerie hésitaient à occuper leur lieu de travail.

La direction qui a peur de l’impact de l’édition autogestionnaire du journal, menace de recourir à des actions en justice, elle intimide en menaçant de licencier les membres du comité de rédaction qui ont été élus tout a fait démocratiquement par l’assemblée générale des grévistes. Cependant, le public grec, et pas seulement les lecteurs de Eleftherotypia, attendait avec grand intérêt sa parution – on a été submergé par les messages encourageant les journalistes à éditer seuls le journal – puisque la dictature des marchés est couplée avec la dictature des médias qui rendent opaque la réalité grecque. S’il n’y avait pas le climat consensuel cultivé par la plupart des médias en 2010, avec l’argument qu’il n’y avait pas d’alternative quand le gouvernement Papandreou signait le premier mémorandum dont l’échec patent est reconnu maintenant par tout le monde, on aurait peut être vu le peuple grec se révolter plus tôt pour renverser une politique catastrophique pour toute l’Europe.

Le cas d’Eleftherotypia n’est pas unique. Des dizaines d’entreprises du secteur privé ont cessé depuis longtemps de payer leurs salariés, et leurs actionnaires les ont virtuellement abandonnées en attendant des jours meilleurs… Dans la presse, la situation est même pire. À cause de la crise, les banques ne prêtent plus aux entreprises tandis que les patrons ne veulent pas payer de leur poche, préférant avoir recours à l’article 99 –il y au moins 100 sociétés cotées en bourse qui l’ont déjà fait- afin de gagner du temps en vue de l’éventuelle faillite grecque et de sa probable sortie de la zone euro.

Elefthrotypia a été créée en 1975 comme un « journal de ses rédacteurs » dans la période de radicalisation qui a suivi la chute de la dictature en 1974. Aujourd’hui, dans une époque marquée par la nouvelle « dictature des créanciers » internationaux, les travailleurs et les travailleuses d’Eleftherotypia ont l’ambition de devenir l’exemple lumineux d’une information totalement différente, en résistant à la « terreur » tant du patronat que des barons des médias, qui ne voudraient absolument pas voir les travailleurs prendre en main le sort de l’information.

Moissis Litsis

Moisis Litsis est rédacteur économique, membre du comité de rédaction d’ « Eleftherotypia des Travailleurs », membre suppléant du conseil d’administration du Syndicat grec des journalistes (ESHEA).